Lorsqu’il avait eu vent de cette détresse-ci, c’est tout naturellement que Ritchy n’avait pu s’empêcher de vouloir donner un coup de main. Pauvre femme ayant perdu son enfant, la chose devait être aussi traumatisante pour elle que pour son petit bout de chou. Le tigre avait cette manie – ou cette qualité, tout dépendait du point de vue – de vouloir toujours porter secours aux nécessiteux, aux démunis. Et comme personne ne semblait être très enclin à agir, sous le simple prétexte que ce n’était ‘qu’un enfant des bas quartier’, l’Algiz mâle n’avait pu se retenir.

C’aurait été trop mesquin de passer à côté sans rien faire, après tout, n’est-ce pas ? Et puis, maintenant qu’il était engagé, Ritchy ne ferait pas demi-tour, jamais. Il avait laissé ses protégés à la frontière de Sollvaec, bien dissimulés à l’abri des regards indiscrets. Il leur avait promis de revenir vite et leur avait laissé de quoi se nourrir pendant au moins trois jours. Et puis il les savait suffisamment débrouillards pour se gérer tout seuls l’espace de quelques heures. De plus, si jamais une récompense était donnée en fin de mission, Ritchy espérait pouvoir en faire bénéficier ses protégés. C’était la moindre des choses pour les faire attendre, après tout !

Mais trêve de bavardages. Il ne devait pas être seul pour cette mission, apparemment. C’était ce qu’on lui avait fait savoir. Très bien, travailler en équipe ne l’avait jamais dérangé outre mesure, au contraire. Il attendait donc, aux alentours du parc aquatique, histoire de ne pas partir tout seul sans avoir la politesse d’attendre ses coéquipiers ! Assis à même le sol, adossé contre un mur proche, il regardait les badauds aller et venir. Il se demanda, un instant, à quoi pouvaient bien ressembler ses amis de missions ! De nature sociable, il avait grand hâte de les rencontrer, c’était certain !

Depuis quelques jours des rumeurs circulaient sur la disparition d'un enfant des bas quartiers de Sollvaec. En apprenant cela, Elshea avait froncé les sourcils, soucieuse de ce qui pouvait se passer dans sa ville natale. Pourtant, cela ne l'étonnait guère que les autorités ne fassent rien pour le retrouver - la Sainte-cité n'est aucunement une ville égalitaire, ou du moins, ceci n'est qu'une illusion -. Ne pouvant donc pas agir seule, sous peine d'être sanctionnée, la rouquine accepta la quête du Clan Ravus. Voilà la raison de sa venue au jardin aquatique. Ce qui est bien, c'est que la demoiselle est en terrain connu. Peut-être que cela facilitera l'enquête.

Regardant les alentours, Elshea semble chercher les deux coéquipiers devant eux aussi, participer à la mission. Une tignasse blonde attire son attention de par le fait qu'elle a l'air elle aussi, d'attendre quelque chose de bien particulier. Elle décide donc d'aller à sa rencontre, s'arrêtant seulement à quelques pas de lui. Une fois à sa hauteur, la demoiselle prend la parole d'une voix chaleureuse.

"Bonjour. Êtes-vous ici pour la même chose que moi-même ainsi, et ce, très certainement, qu'une troisième personne ?"

La rouquine demande cela sans trop en dire - comme toujours, les murs, ici, ont des oreilles et des yeux -.

Elle l’avait entendu parmi les murmures des bas quartiers d’Ilmyde. Un de ses semblables, à Sollvaec, avait disparu. Beaucoup disaient que ce n’était pas leurs affaires, qu’il y avait déjà bien assez à faire à Ilmyde pour avoir à également s’occuper des autres pays. Peut-être n’avaient-ils pas entièrement tort. Pourtant, Ilmyde ou Sollvaec, ou n’importe quel autre pays, cela importait gère. Il s’agissait d’un enfant, et elle avait encore assez de conscience pour ne pas vouloir laisser cette histoire dérailler sans avoir essayé d’y mettre son grain de sel.

Laissant donc ses affaires à sa personne de confiance –et s’extirpant du regard d’aigle de son majordome- elle avait quitté les lieux pour se rendre au lieu de rendez-vous. Car oui, elle avait accepté la quête proposée par le clan Ravus. Peut-être aurait-elle agit dans tous les cas, mais il serait plus efficace de rejoindre un groupe que d’agir dans son coin, puisque ce dit groupe était constitué de toute façon.

Face à deux personnes dans l’attente, il ne pouvait y avoir aucun doute. La jeune fille à la chevelure rosée s’en approcha, reconnaissant Ritchy, et les salua tous les deux. « Je suppose que nous allons tous trois au même endroit ? » Elle sourit, enfantine. La voilà bien loin de son rôle habituel.

Heureusement, Ritchy n’eut pas à attendre trop longtemps puisque deux belles demoiselles émergèrent de la foule, lui donnant confirmation qu’elles étaient ici pour la même raison que lui. Il reconnut d’ailleurs Aelin, la Reine du Marché noir, mais ne fit pas de commentaires à outrances. Courbant quelque peu l’échine, le tigre s’employa à de polies salutations.

« Bonjour ! Oui, en effet, je suis ici pour la même raison que vous. Ravi de faire votre connaissance, par ailleurs ! Je me nomme Ritchy. Je connais déjà Aelin mais je n’ai pas encore eu l’occasion de connaître votre nom, mademoiselle… ? » Termina-t-il en s’adressant à la rouquine.

Mais il eut bien rapidement conscience que traîner en palabres inutiles n’aurait été d’aucune productivité dans leur recherche conjointe. Alors, plutôt que de perdre du temps devant le parc, le tigre ouvrit la marche, incitant par la même occasion ses camarades à le suivre. Au plus vite ils seraient tous dans l’enceinte du par cet au plus vite les recherches pourraient commencer, non ? « Faisons connaissance sur le chemin, qu’en dites-vous ? »

Quelques pas dans l’enceinte du parc suffirent à alpaguer presque son entière attention. Wouah, alors ça, c’était de la belle construction ! Ritchy n’avait encore jamais eu l’occasion de se rendre ici, presque au cœur de Sollvaec ; aussi c’est avec une admiration digne d’un enfant récompensé qu’il se tenait là, à observer le moindre recoin. « Mais c’est super jolie ici ! Je comprends presque pourquoi l’enfant a disparu ici. Si ça se trouve, il s’est juste sauvé et personne ne l’a kidnappé. Ce serait compréhensible qu’il veuille rester ans un endroit pareil, vous ne pensez pas ? »

Il avait ce sourire bien à lui alors qu’il parlait avec cet optimisme qui avait déjà assommé plus d’une personne ayant voulu tenté une conversation avec lui. Oui, au fond, Ritchy était très optimiste. Il ne voyait pas comment on ne pouvait pas retrouver ce petit. Ce n’était qu’une question de temps, voilà tout !

Les présentations se firent aussi rapidement que simplement. Enfin, simplement…Il faut savoir que le mot « simple » n’a plus la même définition lorsque l’on connait Ritchy. Mais ça, c’était encore une autre affaire. « Ravie également, Elshea. » rajouta simplement la renarde, puisqu’elle était déjà présentée.

Les deux jeunes femmes suivirent l’Algiz surexcité qui pénétrait déjà dans le jardin. Tandis que le jeune s’extasiait sur la beauté du paysage, Aelin, elle, remarqua tout comme l’autre jeune femme combien l’endroit était bien surveillé. Elle lui jeta un regard entendu, suite à sa remarque, pour lui faire silencieusement comprendre qu’elle n’en pensait pas moins. Il y avait quelque chose de louche, quelque part. Et ils trouveraient quoi. « Peut-être qu’il y a ici des gens qui ne veulent pas qu’il soit retrouvé. » murmure-t-elle à voix basse.

Son regard se promène et se pose sur les différents gardes. Il y en a beaucoup. Beaucoup pur un simple jardin, non ? « Avec ce monde on ne pourra pas faire grand-chose, mais on peut commencer à chercher discrètement et questionner les passants… » reprend t-elle à voix toujours aussi basse.

Maintenant que Ritchy connaissait l’identité de ses deux camarades, il était plus que temps de commencer la mission ! Ou plutôt, de chercher de sérieuses pistes au sujet de l’enfant disparu. Car si le tigre avait voulu jouer la carte de l’optimisme le plus total, il n’en demeurait pas stupide pour autant. Il savait bien que quelque chose de louche se tramait ; inutile d’être doté d’une intelligence supérieure pour le voir. Le nombre de gardes était anormalement élevé pour un endroit pareil. Ce n’était pas un bâtiment royal ou quoi que ce soit du même genre pourtant, non ? Étrange.
Le tigre acquiesça à la proposition d’Aelin. Interroger la population était une bonne idée en soit ! Qui mieux que les habitués du parc pouvait être à même de les renseigner sur ce qu’ils cherchaient ? Mais l’Algiz mâle crut tout de même bon d’ajouter quelque chose de plus.

« C’est une très bonne idée, Aelin ! Mais… Nos vêtements ne sont-ils pas un peu trop voyant, pour mener une enquête ? Ce serait une bonne idée de ne pas attirer l’attention, vous ne pensez pas ? »

Escortant ses brèves paroles d’un geste du pouce vers l’arrière, il désigna une carriole, non loin de là. Quelques longues capes étaient posées à l’arrière de cette dernière, sans surveillance.

« Peut-être que nous pourrions, vous savez…. ‘Emprunter’ quelques-unes de ses capes et les rendre après ? Nous serions déjà plus discrets ! »

Ne voulant pas aller trop vite en besogne, Ritchy n’adressa pas une parole de plus pour le moment à ses amies du moment. Il n’était pas pour le vol, bien sûr, mais là la vie d’un enfant pouvait potentiellement en dépendre alors un ordre de priorité était à faire. Et aux yeux de Ritchy, le choix était vite fait.

Il fut distrait en se pivotant sur lui-même, déviant un peu de sa trajectoire. Heurtant sans le vouloir une jeune femme qui sortait du parc – sans doute -, il lui offrit un sourire d’excuse sans pour autant louper l’opportunité ainsi présentée à sa portée.

« Bonsoir mademoiselle, euh… Je cherche, euh… Mon p’tit frère ! Il s’est perdu dans le parc, je crois. Vous n’auriez pas vu un enfant traîner dans le coin, par hasard ? »

Un petit mensonge pour étayer l’enquête ne serait sans doute pas de trop ; même si une fois encore, le tigre piétinait un peu ses principes.

Aelin n’avait clairement rien contre le fait de voler des capes. L’idée était plutôt bonne, mais Elshea avait raison. De jour, tant que des passants étaient là, ils seraient trop louches, trop voyants. Mais elle nota l’emplacement désigné par Ritchy dans un coin de sa tête. Lorsque la nuit viendrait à tomber ces capes ne seraient pas de trop pour qu’ils passent inaperçus. Il leur faudrait quelque chose pour se fondre dans l’obscurité. Nul doute que le lieu était gardé de nuit, encore plus si sa théorie était avérée, si quelqu’un ici ne voulait vraiment pas que cet enfant soit retrouvé. Bien sûr, elle espérait que ce ne soit pas le cas. Mais elle devait étudier toutes les possibilités. Même les pires.

Elle écouta, attentive, les mots de sa coéquipière, et hocha la tête. « Tes connaissances des lieux vont être indispensables. Tout comme tes contacts, mais comme tu dis il faudra jouer finement. Si le parc a sa part de responsabilité… Soit les soldats ne savent rien, soit ils sont dans le coup. Peut-être pas tous, mais sans doute au moins quelques-uns… » Elle-même avait un contact ici. Un homme a qui elle avait jadis rendu un service en retrouvant sa femme. Il n’était pas ravi d’apprendre qu’elle était partie avec un autre, mais Aelin lui avait apporté des réponses et, depuis, il lui en devait une.

Elle profita donc que ses deux collègues étaient occupés à interrogés d’autres gens pour retrouver cet homme. Dès lors qu’elle avait entendu parler de cette histoire elle avait envoyé quelqu’un pour lui faire passer le message, lui demander de trouver quelque chose pour elle. Des indices, des rumeurs, n’importe quoi. Le trouvant enfin, elle s’adossa à un mur, non loin de lui. Discrètement, elle lui murmura. « As-tu trouvé quelque chose pour toi ? »

Aussitôt après avoir entendu les dires de la passante, Ritchy sentit une boule contracter son estomac. Son instinct ne lui disait rien qui vaille et il songeait de plus en plus à ce que la disparition du petit ait une explication moins simpliste qu’il ne l’avait imaginé. Des gouttes de sueur commençaient à descendre le long de sa nuque.

« D-D’accord, merci madame. Je vais essayer de le retrouver, vous avez raison, mieux vaut ne pas traîner ! »

Et il fit demi-tour, la pression de son mensonge lui faisant grincer des dents. Il retrouva rapidement ses deux coéquipières et, après les avoir laissé finir leurs propres petites enquêtes, décida de dévoiler l’indice qu’il avait réussi à obtenir.

« Apparemment, depuis un certain évènement – j’imagine qu’il s’agit de la disparition du petit -, les jeunes enfants sont proscrits dans l’enceinte du jardin aquatique… Je me demande bien pourquoi. La jeune femme de qui j’ai obtenu cette information avait l’air assez tendue et m’a dit qu’il valait mieux éviter que les gardes voit un autre enfant dans le secteur. Enfin, elle ne me l’a pas dit ainsi, mais le sens y était. »

Il tâcha de se mettre à réfléchir. Le plus important, pour l’heure, était encore de se faire discret si l’enquête devait continuer. Le jardin n’était pas encore tout à fait vide et il aurait été assez malvenu de se faire attraper maintenant. Les recherches commençaient tout juste après tout.

« Je me demandais… Pourquoi ne pas nous cacher sous les jets d’eaux de la fontaine ? Les gardes ne se risqueront pas à aller vérifier dans un endroit pareil, pas vrai ? Alors certes, nous serons certainement mouillés, mais au moins impossible de se faire repérer avec nos odeurs de cette manière-là ! Ensuite, il nous restera tout simplement à aller chercher les capes si elles y sont encore et continuer discrètement notre enquête. Qu’en pensez-vous ? »

Ah ça… Pour avoir des idées, Ritchy n’était pas en reste. Quant à savoir si lesdites idées étaient bonnes, c’était encore autre chose…

Elle ne se laissa pas démonter une seconde pas le mal être du garde. Un marché est un marché et elle en avait respecté sa part, il était logique qu’il fasse de même. Elle écouta ses mots, patiente et attentive, et note le tout dans un coin de sa tête. Toutes les informations qu’elle recevait du soldat seraient rapportées à ses compagnons, et elle espérait la même collaboration de leur part. Même si elle savait, par expérience, que certains ne jouaient pas toujours le jeu. Le clan Ravus, cependant, s’efforçait à faire comprendre à ces âmes que ce n’était pas toujours une bonne idée de défier ainsi leur autorité.

« Il y a une différence entre déclaré mort, et mort. » relève-t-elle un peu plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu. « Cette histoire est louche, je suis sure que même toi et tes collègues le savez. Ça ne m’étonnerait pas que certains d’entre eux soient même complices d’une histoire qui les dépasse. » Elle prend quelques secondes de réflexion. « Tu sais que ma parole est fiable. Si tu n’as rien à voir dans cette histoire et que tu es mis en cause, tu peux compter sur mon aide et mon soutien. Et crois-moi, si c’est aussi moche que je le crains, tu en auras besoin. » Elle croise les bras. « A la condition que tu m’aides également, cela va sans dire. Je veux pénétrer dans ces tunnels. Peux-tu t’arranger pour qu’ils soient laissés sans surveillance quelques secondes ? Ou m’informer des heures de relèves ? Je ne te demanderais rien de plus. » Il semble prendre quelques secondes pour y réfléchir, puis hoche finalement la tête en guise de réponse positive. « Je vous laisserais une ouverture pour passer. » Elle sourit. Ils conviennent ensemble d’un signal et elle tourne les talons pour aller rejoindre ses compagnons.

Elle écoute les informations obtenues de leur part et leurs propositions de cachettes avant de prendre elle-même la parole. « L’enfant a été déclaré comme mort par les personnes qui gèrent cet endroit. » Elle n’y va pas par quatre chemins mais ils n’ont pas le temps de faire dans la délicatesse. « Je ne sais pas vous, mais je suis sûre que cela cache quelque chose de gros, et j’ai bien l’intention de découvrir quoi. Les gardes ont interdiction d’entrer dans les tunnels sous-marins de nuits, mais ils doivent en garder l’entrée. Quoi qu’ils cachent, c’est là-dedans. Je me suis arrangée pour qu’on puisse y entrer sans problèmes. » Elle regarde Ritchy. « Mais j’avoue ne pas avoir réfléchis à l’avant. Ce que tu dis est sans doute vrai, Elshea, mais avons-nous véritablement le temps de trouver une autre cachette ? Je propose de suivre l’idée de Ritchy. En cas de problèmes, on avisera. »

Bien, tout le monde avait réussi à glaner quelques informations qui sauraient se montrer utiles pour plus tard ! En tous les cas, c’était ainsi que le tigre voyait les choses. Encore optimiste tout de même, Ritchy ne se laissa pas démotivé par ce qu’il avait appris il y a peu. L’enfant devait être retrouvé et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider cette mère et son petit à être de nouveau réuni. C’était normal, après tout, une famille ne devait jamais être séparée, n’est-ce pas ?
Immédiatement, Ritchy se dirigea donc vers les fontaines qui avaient ponctuées son idée de dissimulation un peu plus tôt.

« Venez, il faut se cacher sous les jets d’eau le plus vite possible et pendant que personne ne nous voit si l’on veut pouvoir profiter des opportunités d’après ! »

Il n’était certes pas fin stratège pour un sou, mais Ritchy avait tout de même le sens des priorités ; d’abord se cacher et ensuite retrouver l’enfant ! Ainsi le tigre partit se mouiller et frissonna au contact de l’eau –très – fraîche sur sa peau. Il tâcha de se consoler en se disant que les bains, ça restait tout de même bien sympa. Puis, venant s’installer entre deux renfoncements dans le corps principal de la fontaine, il s’y encastra presque, patientant, le nez juste au-dessous des remous provoqués par les mouvements de l’eau, histoire de bien se cacher et faire en sorte que les gardes ne le repère pas comme un imbécile.

Il était l’heure de passer aux choses sérieuses.

Dans un premier temps, elle laisse ses deux coéquipiers aller se cacher au niveau des fontaines, l’un après l’autre. Il faut se faire discret, ils ne peuvent pas se permettre de se faire prendre maintenant, alors que tout se déroule si bien jusque-là, des informations qu’ils récoltent à cet accès qui leur est offert par sa connaissance.

Son regard se promena sur les alentours, tandis qu’elle attachait sa longue chevelure rose en un chignon plus discret. L’ennui, c’est que le rose, ça se repère facilement. Elle espérait ainsi limiter les risques. Ce n’est qu’une fois sure et certaine que personne n’était dans le coin pour la voir s’éclipser qu’elle se dirigea à son tour vers la fontaine pour aller d’y cacher, comme ses camarades.

A son tour la voilà trempée. Mais cela importe peu si cela leur permet d’atteindre leur objectif. Ils n’ont plus qu’à attendre que le parc ferme pour se glisser dans ses secrets les plus profonds et –probablement- les plus sombres.

Ritchy était soulagé que son plan ait fonctionné d’entrée de jeu ! Il n’était pas commun de se dissimuler de la sorte mais tout de même… Il estimait qu’ils avaient eu de la chance que les gardes ne soient pas plus suspicieux et ne regarde pas partout avant de fermer les issues. Peut-être qu’au fond, ils n’étaient eux même pas très convaincus par leur travail ? Enfin bon.

Une fois sorti de l’eau aussi discrètement que possible – et avoir essoré un peu ses vêtements par la même occasion -, Ritchy emboîta le pas à ses consœurs de mission, n’ayant en aucun cas oublié le pourquoi il se trouvait ici présentement. Il fallait retrouver cet enfant ! Et pour le moment, l’enquête était sur la bonne voie. D’ici demain matin, normalement, ils ne devraient pas avoir trop de mal à inspecter tranquillement chaque recoins de l’aquarium, n’est-ce pas ? D’autant qu’avec ses sens et ceux d’Aelin, plus aiguisés que ceux d’un êtres humains, il se disait que les choses ne pourraient guère être plus compliquées qu’elles ne l’étaient déjà. En touchant le fond, on ne pouvait que remonter par la suite, n’est-ce pas ? Bien sûr que si ! Son positivisme avait repris le pas sur le reste.

« Oh… Mais il n’y a rien qui nage dans l’eau, vous avez vu ? C’est bizarre, vous ne trouvez pas ? »

C’était quelque chose qui venait de le frapper, tout à coup. Il avait eu besoin de le signaler, comme si un étrange instinct tout au fond de lui le lui avait ordonné silencieusement. Il attendait de voir ce que ses camarades en pensait.

Le temps passe, les dernières personnes finissent de quitter le lieu, laissant ainsi seul le trio - avec bien entendu, les soldats -. La connaissance d'Aelin donne le signal qu'elle attendait avec impatience. Elsha sort donc de la cachette avec prudence - ce n'est pas le moment de se faire remarquer -. Ses vêtements sont vraiment plus lourds maintenant qu'ils sont gorgés d'eau. Elle les essore donc un peu - histoire d'être un peu plus à l'aise dans ses mouvements - avant d'écouter la remarque pertinente de Ritchy.

En effet, alors que de journée la faune aquatique est bien présente... Voilà qu'en cet instant, il n'y a plus rien à part un vide étonnant. Fronçant les sourcils, le myrmidon continu lentement son avancée. Il ne lui faut pas longtemps pour qu'elle ne soit obligée de s'arrêter à cause d'une massive porte.

"Oui très bizarre. Regardez cette inscription. Cela ne cacherait-il pas quelque chose ? Et si le petit avait franchi cet obstacle et qu'il s'y trouve toujours."

Peut-être même que la fameuse faune aquatique absente se trouvait aussi derrière cette porte, bien cachée.

HRP:

Comme ses deux compagnons, elle sort de l’eau et profite de l’ouverture offerte par sa connaissance. Elle lui adresse un hochement de tête, en guise de remerciement, avant de littéralement s’engouffrer dans la gueule du loup. Elle observe, et écoute ses camarades tout en essorant ses vêtements et ses cheveux. Elle croise les bras sur sa poitrine et se demande ce qui peut bien se trouver derrière cette porte. Tout semble si étrange depuis que la nuit est tombée. Le lieu ne semble plus être le même, comme s’il était devenu un endroit fantôme en l’espace de quelques minutes.

« Les enfants aiment braver les interdictions. » C’est une constatation, un fait avéré. « Quoi qu’il se trouve derrière cette porte, ce n’est pas net, et qu’importe qui gère tout ce bordel, il ne veut pas qu’on le découvre. » Elle leur adresse un sourire, amusé, le tout accordé avec un regard plein de défi. « J’aime foutre la merde là où on ne veut pas de moi, pas vous ? » Demande-t-elle avant de déposer sa main sur la poignée de la porte en adressant un regard interrogateur sur ses compagnons. Devrait-elle ?

Tout concentré qu’il était sur sa fixation du bassin vide de vie, le Tigre en avait négligé de regarder ailleurs dans l’immédiat. Ce n’est que lorsque ses camarades lui firent remarquer qu’il y avait effectivement quelque chose d’étrange avec la fameuse porte située au fond de cet abîme artificiel, que l’Algiz s’arracha à sa contemplation malvenue. Il se promettait de raconter tout ça aux enfants, ça pourrait faire une super idée d’histoire qui fait peur ! Les gosses – ou, tout du moins, certains d’entre eux – adoraient ce genre de récits, le soir autour du feu, avant d’éteindre les lumières. Ritchy avait déjà hâte de les retrouver.

Pour l’heure, se rapprochant de la renarde rosée, le jeune homme issu des bas quartiers acquiesça et, à son tour, posa une main sur l’un des substrats de la pièce ouvragée leur faisant face.

« De toute manière, si ce petit est coincé derrière cette lourde porte, il faut qu’on aille l’en tirer ! On ne peut plus faire demi-tour maintenant. »

En soit, ça n’avait jamais été le cas et même s’il avait été délaissé par ses deux coéquipières, Ritchy aurait tout de même mit un point d’honneur à aller à la recherche de l’enfant. Coupant court à toute discussion et usant de sa force –bien pratique – d’Algiz Tigre, Ritchy appuya donc sur la poignée afin de déverrouiller l’accès à cette pièce encore dissimulée à leurs regards.

« Allons-y, il nous attend surement ! »

Il était absolument sûr de lui.

Ses deux "camarades" étaient d'accord que tout cela était bien étrange. Toutefois, la phrase d'Aelin l'a fit tiquer malgré elle. Foutre, la merde ? Oui, cela allait très bien résumer ce qu'ils allaient faire, alors pourquoi Elshea n'aime pas ses mots ? Peut-être est-ce parce qu'en grandissant, elle est devenu plus à cheval sur les règles - avant, elle aurait très certainement pris des risques... Du moins, plus facilement. - Néanmoins, pour le moment, il n'est pas question de faire marche arrière. De toute manière, les voilà déjà dans l'interdit, donc pourquoi s'arrêter en si bon chemin.

Hochant la tête positivement à ses coéquipiers, Elshea écartent enfin - me direz-vous - toutes ses pensées dans un coin de son crâne. Elle aura tout le temps d'y réfléchir par la suite. Le regard brillant donc d'une détermination nouvelle, elle lance.

"Ne le faisons donc pas attendre d'avantage. De toute manière, comme vous le dites, nous voilà impossible de faire demi-tour."

Puis, même si le danger était là, il y a un petit côté excitant. Ou alors, c'est juste que la demoiselle a encore des restes de son enfance.