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« Discrètes retrouvailles - Cyrus »
Sohail ;

Sohail
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Discrètes retrouvailles
Ft Cyrus



Les rues les plus sombres d'Helios renfermaient toujours des secrets bien gardés. Ces rues, bien que sales et mal gardées, s'avéraient parfois être de véritable barrages face aux murs, aux portes et aux fenêtres des rues les plus belles de la capitale, qui eux abritaient parfois les personnes les plus mal intentionnées de la ville. Sohail faisait confiance à peu de personnes, même si sa façon de parler aux autres ou son attitude laissait croire qu'il se laissait aller, ou était même totalement insouciant, voir inconscient. Il était plus simple d'inspirer l'ignorance et de paraître inoffensif que de se faire remarquer des autres, même si ses quelques défauts lui avaient attirés quelques foudres au cours de son existence.

S'il n'avait pas tendance à faire confiance, cela ne voulait pas dire pour autant qu'il n'avait aucune relation sur laquelle compter. Il avait même mieux que ça sous le bras, il avait quelques contacts qu'il pouvait considérer comme des amis. Il avait même reçu un message d'une de ces connaissances qu'il estimait vraiment, qui se rendait en ville incognito. Naturellement, il avait décidé de joindre cette personne, empruntant les rues les moins fréquentées de la basse ville. Il valait mieux se montrer discret dans ce genre de situation, que de se montrer face à la pleine lumière du jour. Il savait que cette personne ne se retrouverait pas face à l'hospitalité de Kiréïde si jamais elle était remarquée dans une grande rue de la ville.

Parmi tous les lieux qu'il connaissait dans les taudis, il existait une petite taverne qui paraissait des plus délabrées. Ce qui n'était qu'une question d'apparat, pour être le plus discret possible face aux autorités de la ville. On n'y rencontrait pas que des pauvres, ou des personnes qui se noyaient dans les diverses boissons pour étancher leurs pires chagrins ; on y rencontrait aussi d'autres genres de personnes, le genre qui n'était pas très fréquentable aux yeux des plus riches, ou des moins pauvres, cela dépendait des points de vue. Sohail poussa la porte de la taverne, et salua brièvement le tenancier. L'endroit était encore un peu vide à cette heure de la journée, mais il savait que cela n'allait pas tarder. Il savait que ceux qui venaient ici avaient des choses dans la conscience, des crimes allant du vol au meurtre qui ne devaient surtout pas s'ébruiter jusqu'aux oreilles des soldats du Roi. L'adolescent ne se faisait pas de souci quant à cette taverne, il savait parfaitement que tous fermaient les yeux sur ce qui se passait ici, quand l'affaire ne les concernait pas.

Il s'installa tranquillement à l'une des tables, et demanda si le tavernier n'avait pas encore un de ces jus qu'il appréciait en réserve, avant de tendre les jambes sous la table, tout en regardant l'entrée de l'enseigne. Il allait attendre le temps qu'il fallait, et tant pis si son ami arrivait avec un peu de retard. Il savait faire preuve de patience et attendre sagement quand la rencontre en valait la peine. Quand le tavernier lui servit son verre, il vérifia la propreté du verre avant de boire quelques gorgées. L'endroit avait beau faire partie des plus discrets d'Helios, il n'était cependant pas connu pour être des plus propres.





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Cyrus
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Les cahots de la route secouant sèchement le chariot lui tirent une grimace alors qu’il tente laborieusement de rester le plus discret possible, honteusement piégé entre un amas de caisses et l’épais tissu blanc qui voile sa vision mais qui le dissimule parfaitement des regards curieux qui auraient pu se poser sur lui. Accroupi entre une malle pesant le double de son poids et une multitude de tonneaux de vin, il se rend à présent compte du luxe qu’il avait eu ces derniers jours de pouvoir voyager plus librement et non coincé de la sorte, contraint par une situation qui lui déplaît fortement mais à laquelle il est obligé de se plier dans tous les sens du terme. La respiration lente et les lèvres sèches, il n’ose même pas bouger pour récupérer la gourde tombée sur les planches un peu plus loin par risque de révéler sa présence. Alors en silence, il souffre de ce début de déshydratation qui le frappe en regrettant amèrement de pas avoir pris le temps de s’abreuver quelques heures plus tôt : si la chaleur habituelle de Kireïde était déjà pesante, le fait de la subir de plein fouet en étant non seulement vêtu de tissus trop chauds mais également prisonnier sous ce drap nacré rend l’atmosphère particulièrement étouffante. Malgré tout, il endure sans dire un mot, son œil vif fixé sur les fines mailles du textile comme s’il espérait pouvoir voir à travers, en vain. Et lorsque son transport de fortune s’arrête et qu’il entend le son clinquant des armures de la garde rôder autour de lui, seule sa main vient trahir son immobilité pour se poser délicatement sur la crosse de son arbalète de poing. Prêt à dégainer, il sent les battements de son cœur s’emballer et sa respiration se couper nette pendant quelques secondes qui lui paraîtront des heures. Tétanisé, il ressent pour la première fois ce que ça fait de n’être qu’un vulgaire fugitif tentant d’échapper à la loi : la peur, le stress, le premier frisson de l’éventuel combat à venir… Sa mâchoire se serre lorsque les pas se rapprochent et ses muscles se contractent lorsqu’une main vient se poser sur l’étoffe blanche qui constitue sa seule protection. Si le temps avait semblé s’écouler lentement jusqu’à maintenant, il était à présent totalement arrêté. A présent décrochée de sa ceinture, l’arme de trait était pointée vers cette menace imminente et contre laquelle il regrettait déjà d’avoir à lutter… « Eh une seconde ! A moins que vous ne vouliez acheter quelque chose, je vous conseille de lever vos sales pattes de là ! J’ai des clients importants qui attendent et la dernière chose qu’ils souhaitent, c’est d’avoir vos traces de main sur leur marchandise ! ». La remarque sonna comme un avertissement qui suffit à faire éloigner l’inconnu qui grogna brièvement avant de faire marche arrière. Ressentant le besoin de laisser échapper un profond soupir de soulagement, il attendra quand même que son transport se soit suffisamment éloigné du poste de garde pour évacuer la pression : il avait réussi à pénétrer à Hélios !

Fermant les yeux en se laissant lourdement tomber contre la malle derrière lui, Cyrus s’étira brièvement avant se laisser encore un peu guider par le marchand qu’il avait soudoyé pour s’infiltrer dans ce territoire ou il n’était plus le bienvenu. Pendant les minutes qui suivirent, il ressenti chaque virage et chaque arrêt et sans même avoir à regarder à l’extérieur, il se rendit compte qu’il savait exactement où il se trouvait dans sa ville natale, capable d’imaginer les façades colorées et les étals garnis de cet endroit qu’il aimait tant et dans lequel la charrette progressait. Bien vite, la nostalgie s’empara de lui et il prit la décision de quitter sa cachette, saisissant au passage ses effets personnels avant de relever le drap et de mettre pied à terre. Sous son impulsion, le chariot s’arrêta un instant et une voix venant de l’avant s’écria : « Tu pars ? Parfait, ça fera un poids en moins à traîner… N’oublies juste pas de prévenir ta patronne que j’aurais son paquet un peu plus tard que prévu ! ». La réflexion fit sourire le garde du corps : s’il avait promis de transmettre le message, il avait cependant prévu d’attendre un peu avant de le communiquer à sa nouvelle protégée. Après tout, il pensait qu’elle méritait de se faire un peu de soucis sur cette cargaison qu’elle attendait depuis si longtemps ! Quoi qu’il en soit, l’archer acquiesça et s’éloigna en silence, le visage à moitié dissimulé par une capuche de cuir et une lourde mallette à la main. Bien vite, il s’engouffra dans les rues d’Hélios non seulement pour se rendre à la prochaine étape de son voyage mais également dans l’espoir de profiter de cette ville qui lui avait tant manqué.

Hélios était plus belle que jamais, les rayons du soleil illuminant les façades, les marchands commerçant aux détours des rues et les senteurs exotiques typiques du royaume embaumant les places et les étals. L’activité était à son comble et n’importe quel touriste en visite dans le coin aurait pu témoigner de la beauté de la cité. Pourtant quelque chose semblait déranger l’exilé de retour à la maison : pour lui, les couleurs étaient moins chaudes, les odeurs plus fades et la vie n’avait pas l’air aussi joyeuse et entraînante que dans ses souvenirs. Il avait beau avoir été très enthousiaste à l’idée de revenir, un sentiment de déception lui enserra le cœur à mesure qu’il s’enfonçait dans la ville. Il avait beau se dire que cette impression était due au fait qu’il s’approchait des taudis, il savait pertinemment que c’était faux. Peut-être que le fait que son regard s’était plus porté sur l’éventuelle présence des gardes que sur les enfants qui jouent avait faussé son jugement, peut-être que son empressement actuel ne lui avait pas permis de suffisamment se poser pour admirer tout ce que le centre-ville avait à offrir biaisait sa perception… Quoi qu’il en soit, le plaisir de déambuler dans les rues d’Hélios n’était pas le même que celui qu’il avait connu quelques années auparavant, lorsqu’il escortait encore la princesse du royaume. Aussi, il finit par renoncer à sa redécouverte de la capitale pour finalement prendre la direction des quartiers les plus pauvres et les plus mal fréquentés mais où il serait paradoxalement le plus en sécurité.

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour se retrouver sur le lieu de son rendez-vous, une taverne délabrée et dans laquelle il ne se serait jamais aventuré en temps normal : mais est-ce que les temps actuels étaient normaux ? Le lieu était typiquement le genre d’endroit où traînaient les criminels et les hors-la-loi et si cela le rebutait d’être ici, Cyrus devait bien avouer que c’était également le seul coin où on ne tenterait pas de l’arrêter… Pénétrant dans le bar, l’ancien majordome se fit le plus discret possible, ne s’attardant pas à l’entrée pour ne pas trop attirer les regards et analysant la scène d’un bref coup d’œil : l’endroit n’était pas très animé et cela n’était sans doute pas sans l’arranger. Au moins, personne ne remarquerait sa présence et il pourrait faire affaire au plus vite. Assis à une table, un jeune garçon patientait en buvant un verre et il s’en approcha en silence, finissant par poser sa mallette à quelques pas de la table : « Eh bien, tu as pris le besoin de rester le plus discret possible très au sérieux quand je t’ai demandé un lieu de rendez-vous ! C’est sans aucun doute le dernier endroit où les gardes viendraient mettre les pieds… ». Un sourire aux lèvres, Cyrus se débarrassa de sa capuche pour révéler son visage à son interlocuteur : « Tu as grandi depuis notre dernière rencontre Sohail… Ca va faire quoi, un an et demi maintenant ? Je suis ravi que tu aies accepté de me rencontrer… ». Oui, il avait beau ne pas reconnaître sa ville natale et devoir se cacher pour ne pas finir en prison, le trentenaire n’en restait pas moins heureux de pouvoir discuter avec une figure familière de son passé…
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Discrètes retrouvailles




Continuant de siroter son verre de jus, il ne remarqua pas qu’une silhouette familière entrait dans la pièce. S’il l’avait remarqué, il n’aurait pas eu de difficulté à distinguer le corps des vêtements et à reconnaître la personne qui se couvrait ainsi le visage. Peut-être même l’aurait-il aussi reconnu à sa démarche qui lui était tout aussi connue. En tout cas, il n’eut pas de mal à comprendre qui se tenait face à lui quand il entendit le son de la mallette que l’on posait, ni cette voix qu’il avait déjà entendu il y avait bien longtemps selon lui, mais qu’il reconnaissait comme si ça datait d’hier. Le jeune garçon sourit, levant la tête, une expression de joie sincère sur le visage. Cyrus, l’homme qui l’attendait, était enfin arrivé, et il n’avait aucunement besoin de voir le visage sous cette capuche pour le savoir. Mais c’était toujours un plaisir de revoir un visage familier quand son ami ôta la capuche,  révélant un visage souriant. Il prit les paroles qu’il lui dit au sujet du rendez-vous comme un compliment, satisfait de voir qu’au moins aucun d’eux ne doutait que ce rendez-vous ne risquait pas de s’ébruiter trop loin des taudis, si du moins on en parlait au sein même de ces taudis.

-Vaut mieux être prudent, surtout ces derniers temps.

La garde royale se montrait impitoyable vis-à-vis de ceux qui n’étaient pas considérés comme de véritables citoyens de la nation, c’est-à-dire ceux qui n’approuvaient pas les décisions du Roi, ou qui désobéissaient à la loi. Si c’était un peu plus souple quelques années avant, en revanche, depuis cet événement que tous appelaient le Grand Complot, il valait mieux rester dans les rangs pour ne pas subir les pires châtiments. Le roi n’était pas aussi doux qu’on l’avait prétendu, et les punitions à l’égard des criminels étaient des plus violentes. Sachant quelle était la situation de Cyrus, il avait préféré jouer la carte de la prudence, quitte à se trouver dans l’un des pires endroits des taudis d’Helios, plutôt que de choisir un lieu de rendez-vous plus décent mais plus à découvert. Si Sohail avait peu d’amis, il aimait veiller à ce que ces derniers soient toujours en sécurité, et il aimait prendre soin de ne pas les décevoir. Et puis, il ne désirait pas perdre une personne qu’il considérait comme un grand ami.

Il sourit en entendant ces paroles, nostalgiques. Un an et demi, déjà ? Comme le temps passait vite. Il avait l’impression que leur dernière entrevue remontait à hier. Peut-être était-ce parce qu’il ne se passait pas grand-chose dans les taudis, finalement. Même si la vie se retrouvait bien plus mouvementée depuis que le roi Hao était devenu un homme de poigne et de guerre.

-Ca doit faire quelque chose comme ça. J’suis content de te revoir, en un seul morceau, en prime !

Il ne put se retenir de glisser un clin d’œil pour accompagner cette taquinerie, toujours enclin à un peu jouer de la situation. Il ajouta ensuite, sans quitter ce ton léger et ce sourire, bien que ses paroles étaient sérieuses, au fond :

-J’pouvais pas refuser, ça m’aurait fait mal !

Il fallait dire que la nouvelle du départ forcé de son ami de Kiréïde dans de telles circonstances l’avait tout de même assez secoué. Il ne s’était pas attendu à ce que Cyrus soit tout d’un coup considéré comme un hors la loi, alors qu’il exerçait un métier des plus avantageux, qui lui permettait d’être pratiquement immunisé contre ce genre de problèmes. Et puis, ce départ qui avait été si soudain l’avait aussi inquiété, et le jeune voleur avait vite perdu contact avec l’archer durant un certain temps. Et même si plus tard, il avait pu obtenir quelques nouvelles de lui, il s’était tout de même fait quelques soucis pour l’archer. Mais le plus important était qu’ils étaient maintenant face à face, et ce après une assez longue séparation.

-T’as l’air épuisé. J’espère que le voyage n’a pas été trop mouvementé, s’enquit-il.

Il pouvait bien percevoir quelques cernes au niveau des yeux de l’homme, mais aussi quelques signes de fatigue sur son visage. Sûrement cela avait-il dû être difficile de trouver le moyen de passer la frontière d’Helios sans se faire repérer, et en plus de ça, pour se rendre à la capitale elle-même. Plus encore que le pays, la capitale devait bien connaître son visage et son identité, et par conséquent son statut de fugitif ne leur était sûrement pas inconnu. Pour un voyage suicidaire, il n’aurait pas pu choisir mieux. Et puis, sans compter ces quelques complications, le voyage avait dû être long et éprouvant de par la distance à traverser. Il ne savait pas exactement combien de temps il allait rester à la capitale, et il espérait pouvoir bien profiter de sa présence avant son prochain départ.

-Oh, et puis en un an et demi, tu dois avoir beaucoup à raconter.

Le voleur était bien curieux de savoir ce qu’il avait bien pu faire depuis le temps.




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L’endroit n’était pas des plus propres et les rares clients présents étaient assez représentatifs de la population qui devait traîner dans les environs, à l’exception bien sûr des deux compères qui venaient de se retrouver. Il y avait quelques années de cela, Cyrus ne se serait jamais aventuré en ces lieux et ce même pour rencontrer un ami comme Sohail. Pourtant, bien des choses avaient changé en un an et à présent, l’ancien majordome était devenu familier des tavernes miteuses et des bas-fonds. Lui qui avait pu assister aux soirées mondaines les plus en vues de la capitale de Kireïde en était réduit à errer dans les rues crades et à boire un alcool bon marché comme celui qu’il commanda une fois assis en face de son interlocuteur. La mine basse, les traits marqués et la peau plus pâle que d’ordinaire : l’archer n’était plus le même homme que celui qui avait quitté Hélios à la hâte du jour au lendemain, sans prendre la peine de prévenir ses proches ni même d’aller se recueillir une dernière fois sur la tombe de son ancienne protégée. L’impulsion l’avait poussé à partir et aujourd’hui il en payait le prix, revenant dans la cité comme un paria fuyant cette même garde royale avec qui il avait tant collaboré à l’époque, fatigué par le voyage et changé par sa nouvelle vie dans une contrée où il n’était pas non plus le bienvenu. Et s’il n’appréciait guère le cadre dans lequel se déroulerait la rencontre, il comprenait parfaitement le besoin de rester prudent et ne fit qu’acquiescer à l’écoute de la remarque de l’adolescent.

Inspirant profondément une fois confortablement installé, il décrit plus en détails le jeune homme avec qui il avait rendez-vous : une seule année s’était écoulée et pourtant Sohail avait bien changé, la puberté jouant grandement dans le processus. Toujours aussi détendu et enthousiaste, l’attitude du gamin des rues contrastait drastiquement avec l’attitude calme et posée de l’ancien majordome. Ayant grandi dans deux univers totalement différents, il était d’ailleurs assez atypique de voir un lien d’amitié comme le leur dans un monde où les gens ne se mélangeaient pas. Algiz et humains, riches et pauvres, jeunes et vieux… Nombreuses étaient les barrières que les êtres dressaient entre eux et c’était une bonne chose que celle qui aurait pu être érigée entre Cyrus et son camarade n’avait pas vu le jour. Cela, ils le devaient notamment au père du trentenaire qui avait toujours su rester proche du bas peuple et qui lui avait permis de côtoyer des personnalités comme le gamin des rues au franc parler. « Je dois dire que c’est un exploit pour moi de ne pas avoir perdu un bras ou un œil depuis notre dernière rencontre… ». Il sourit avec une pointe de tristesse au bout des lèvres mais chassa sa mélancolie en écoutant son ami parler, se nourrissant de son dynamisme pour éviter d’avoir des pensées plus sombres. Et puis, Cyrus n’était pas forcément le plus à plaindre car comme l’avait souligné Sohail, la prudence était de mise même à la capitale et la vie que l’adolescent menait n’était, elle non plus, pas de tout repos. Remerciant brièvement la serveuse venant lui apporter son verre, l’archer but quelques gorgées en grimaçant au goût d’alcool fort et peu agréable qu’il venait d’ingurgiter. Puis, reposant sa coupe, il retroussa légèrement les lèvres en pensant à ce qu’il allait bien pouvoir raconter au jeune en attente de ses nouvelles : « Disons que la vie de fugitif n’est pas la plus simple, mais l’important c’est que je sois arrivé sain et sauf ! Comme tu dois t’en douter, beaucoup de choses ont changé ces derniers mois. J’ai quitté la capitale à la hâte après que… ». Il ne finit pas sa phrase, se jugeant déjà très explicite et ne souhaitant pas aborder cet évènement particulièrement sensible pour lui. Sans se démonter, il reprit : « Quoi qu’il en soit, je me suis retrouvé en territoire Algiz très vite et sans possibilité de rentrer sans risquer d’être arrêté et traîné en justice. J’ai hésité à rejoindre Asmosa mais j’ai pu faire quelques rencontres en Ilmyde qui m’ont poussé à rester quelques temps… Tu ne le croiras peut-être jamais, mais j’ai trouvé un travail là-bas ! Certes, ma nouvelle patronne n’est pas aussi douce et agréable que la précédente, mais elle a un bon fond… ». Il se laissa doucement tomber sur son siège en repensant à Aelin qui devait certainement diriger son affaire à l’heure qu’il était. Mais essayant de ne pas trop se perdre dans ses pensées, l’archer se redressa en ajoutant : « Maintenant, je corresponds plus aux gros bras comme on en croise dans les alentours qu’au protecteur de la famille royale que je fus jadis… Mais bon, c’est peut-être un mal pour un bien… ». Son ton était quelque peu amer et ses traits se durcirent. Saisissant de nouveau son verre, il referma sa poigne sur ce dernier et le porta à ses lèvres en soupirant, finissant par plonger son regard dans celui de Sohail. « Mais assez parlé de moi ! Comment sont les choses ici ? Je n’ai pas vraiment une très bonne opinion du nouveau roi, mais peut-être que tu as un avis différent… ». Hao, celui qui l’avait condamné à fuir, celui qui n’avait pas compris le désir de vengeance de Cyrus… A la pensée de ce dernier, l’ancien majordome serra les dents, bien plus contrarié qu’il ne l’était en entrant quelques minutes plus tôt. « Qu’est-ce qu’il se raconte dans les rues en ce moment ? ». La question était posée, l’une des raisons pour lesquelles il était là : renouer avec sa patrie signifiait également comprendre en quoi elle avait changé et Cyrus craignait grandement la réponse qu’il allait avoir…
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Discrètes retrouvailles




Sohail sourit à la réplique de son ami. Et même si ce dernier lui souriait aussi, l’adolescent pouvait aisément apercevoir dans son regard cette lueur de tristesse. Il n’ignorait pas que son ami devait se trouver bien inconfortable d’avoir changé aussi radicalement sa vie il y avait de cela à peine un an et demi, et qu’il était en quelque sorte nouvellement perdu dans une ville qui lui était devenue étrangère. Le voleur, lui, avait toujours eu cette sensation d’être un étranger, sûrement à cause de sa condition de pauvre, en plus de celle d’être marqué, qu’il s’efforçait de cacher aux yeux de tous, au risque de le payer cher, lui qui se trouvait à Hélios, la ville qui détestait les algiz et qui, forcément, détestait tout ce qui pouvait provenir de l’un des leurs. Il garda cependant ce sourire, n’osant pas relever ce mal aise que l’autre vivait déjà bien assez pour ne pas le lui faire remarquer ou émettre un nouveau commentaire. Il attendit sagement que Cyrus soit servi de sa bière, qu’il en boive quelques gorgées, avant d’aborder le sujet de son absence et de ce qu’il avait bien pu vivre tout ce temps.

Sa voix se coupa net lorsqu’il commença à aborder le fameux sujet qui fâchait tout le monde. Cyrus, cependant, en était attristé. Sohail connaissait, tout comme ceux qui avaient entendu parler de cette histoire, l’histoire du majordome d’une des filles Sokaris qui avait subitement disparu après le Grand Complot. Il ne connaissait que trop cette histoire, si c’était dire que le personnage principal de cette dernière se trouvait juste en face de lui. Et même s’il trouvait que cet événement funeste se trouvait bien éloigné de lui, il ne pouvait éprouver que de la compassion à l’égard de son ami, et essayer de comprendre la douleur que cela faisait de perdre une personne qui lui était proche. Cela ne lui était pas encore arrivé – heureusement – et il espérait que jamais cela se déroulerait dans de telles conditions. Il avait déjà imaginé ce que cela pouvait bien faire de savoir que quelqu’un de ses amis, ou même de ses proches, était subitement assassiné par une personne inconnue, et cela l’avait mis bien mal à l’aise, lui avait même fait sentir un pincement au cœur alors qu’il n’y avait aucune douleur à ressentir à cet instant là. Est-ce que Cyrus, alors, ressentait une plaie béante lorsqu’il tentait de se ressasser les souvenirs de cette âme trépassée ? Il ne valait mieux pas tenter de savoir ce qu’il pouvait bien ressentir.

Ecoutant la suite de ses propos, il fut bien vite surpris de la suite de ses aventures. Lui, en territoires d’Ilmyde ? Cela sonnait comme une mauvaise blague. Il imaginait mal l’homme qui avait été autrefois sous les ordres de la famille de sa majesté vivre juste ensuite dans la maisonnée de l’ennemi. Sohail avait bien entendu dire que son ami était encore en vie, mais jamais il n’aurait cru qu’il agissait sous les ordres d’une algiz, désormais. Mais c’était bien ce qu’il disait, juste en face de lui, d’une voix calme, posée et tranquille. Et puis, il savait que l’homme n’allait pas lui mentir pour si peu, et il s’était déplacé de loin spécialement pour le voir, alors, ce serait bien une perte de temps de ne pas dire la vérité à une personne à qui il pouvait faire confiance. Le jeune garçon était d’humeur à sourire, cependant, il fut rapidement surpris du ton de son ami, qui devint plus dur que précédemment. Le nouveau roi. Il y en avait qui le détestaient, et d’autres qui lui avaient prêté allégeance. Lui n’avait aucune envie de prendre part à ce conflit interne, contemplant tout simplement de loin l’état des taudis devenir de plus en plus dégradé depuis le Grand Complot, comme si seule la guerre importait et que les habitants de la basse ville n’étaient plus qu’une variable dans les desseins de la royauté. A la vérité, même s’il avait l’impression que les choses étaient bien parties pour aller mal, son avis quant au Roi était assez partagé, ne sachant pas exactement à qui exactement il avait à faire.

Cyrus plantait maintenant son regard dans le sien, lui demandant comment la ville était, maintenant. Il ne pourrait pas lui cacher que la situation était compliquée et que tout le monde était tendu, que le mot guerre sonnait partout et que les algiz étaient plus détestés qu’auparavant, et même de plus en plus, à vrai dire. Le sourire de Sohail s’effaça, et son visage eut bien assez rapidement une mine sérieuse.

-On ne parle que de guerre, ces derniers temps. On dit du roi qu’il va bientôt attaquer Ilmyde, donc forcément, ça crée de la tension dans l’air. En ville, il y a de plus en plus de soldats un peu partout dans les rues, les gens ont toujours peur de subir une nouvelle attaque.

Il y avait même une ambiance de paranoïa sur les bords. Certains prétendaient qu’il y avait des traîtres dans les terres de Kiréïde, et que peut-être quelqu’un avait permis aux algiz de pouvoir pénétrer le domaine royal pour assouvir leurs désirs de meurtres. Autant dire que les gardes avaient tendance à regarder de plus en plus en détail les habitants, avec cette manie de surveiller de regarder du coin de l’œil. Cela le mettait mal à l’aise, à vrai dire, de savoir ainsi qu’une ombre planait au dessus de sa tête. Et puis, il était un voleur…

-C’est de plus en plus dur de pouvoir voler. Tu sais, ici, c’est bien l’une des seules choses que je puisse faire pour avoir le ventre plein. Quant au reste des boulots que je peux faire, y’a vraiment rien de légal.

Outre voler, l’un de ses gagne pains était aussi de pouvoir se faire discret pour récupérer des informations. Ce n’était ni un travail légal, ni un travail dans la sécurité. Il avait enchaîné plusieurs employeurs, dont une algiz un peu étrange, et en tant de guerre, il fallait dire qu’une information pouvait parfois valoir son pensant d’or. En revanche, si un jour il se faisait prendre la main dans le sac, sûrement n’en sortirait-il jamais vivant…

-J’vais pas te cacher que ces temps-ci, il vaut mieux rester sage et ne pas faire d’écarts. Sinon, tu peux le payer cher.

Il ne voulait pas inquiéter plus Cyrus qu’il ne l’était déjà, mais il ne pouvait pas non plus se résoudre à lui cacher la vérité.





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